Les Ghost-Projects, ou «projets fantômes», sont des projets internes chez AlterNativ Design qui visent à améliorer l’usage, la durabilité ou la capacité d’upcycling d’un objet. à l’occasion de la sortie prochaine de la sacoche «Cam’», premier Ghost Project à voir le jour publiquement, nous sommes allés à la rencontre de son designer Paul Cleisz, pour qu’il nous en parle un peu plus en détails.
Pour commencer, peux-tu nous dire depuis combien de temps tu as rejoint Alternativ Design et nous raconter rapidement ce que tu as fait avant?
P.C : J’ai commencé à travailler avec AlterNativ en octobre 2020! C’est Bruno, le fondateur du collectif, qui m’a contacté à l’époque pour savoir si j’étais intéressé par l’idée de rejoindre le collectif, puisqu’il savait que cela correspondait bien à mes valeurs et mon travail. Le projet était encore jeune à ce moment-là, je faisais partie des premiers à rejoindre le groupe, mais l’équipe s’est formée très rapidement.
Avant ça, j’ai fait pas mal de free-lance, notamment pour Reebok en Footwear & Accessoires et chez Le Gramme en bijouterie. J’ai aussi un job d’infographiste en parallèle depuis 2 ans.
Comment est venue l’idée de la sacoche?
P.C : Bruno m’a tout de suite parlé du principe des Ghost-Projects lorsque j’ai rejoint le collectif. Il avait déjà en tête une problématique, celle du transport des gourdes réutilisables. L’idée d’origine, c’était vraiment de trouver comment réduire le nombre de canettes et bouteilles plastiques achetées puis jetées dans la rue. On a donc cherché comment faciliter l’usage et le transport des gourdes. Lorsqu’on n’a pas de sac sur soi, même si on a une gourde à la maison, ça peut être gênant ou encombrant de l’emporter lorsqu’on se déplace. C’est une problématique moderne qui se pose de plus en plus.
A partir de là, l’idée de la sacoche est venue rapidement! On a tout de suite bossé tous les deux dessus, avec les avis et les retours de notre entourage et du collectif.
Est-ce que tu peux nous la présenter un peu plus en détails?
P.C : Dès le début, l’objectif était qu’il soit possible de porter la sacoche de manière classique, sans gourde. On voulait faire une intégration discrète et subtile, qui puisse être cachée lorsqu’elle n’est pas utilisée.
Pour l’anecdote, l’idée est partie des valises extensibles, celles sur lesquelles il est possible de gagner quelques centimètres d’épaisseur en ouvrant une fermeture zippée. A partir de ça, on a imaginé cette poche qui puisse être dévoilée en ouvrant la partie inférieure de la sacoche pour permettre d’y glisser la gourde.
En plus de cette idée, on a voulu aussi en faire une sacoche utile pour son usage principal. On a volontairement laissé une contenance assez importante à l’intérieur et proposé plusieurs poches, dont une à l’extérieur côté corps. Les sangles sont modulables et peuvent être placées soit pour la porter confortablement en bandoulière, soit pour la porter autour de la taille.
D’un point de vue éco-conception, en plus d’avoir choisi le lin comme matériau principal, on a fait en sorte qu’il n’y ait aucune pièce superflue ou inutile, pas de clip, pas de sangle, pas de branding… Il n’y a aucune pièce plastique et le moins de métalliques possible. Tous les composants sont importants et ont une utilité.
Pourquoi ce matériau?
P.C : Le lin est un matériau écologique par excellence, produit en grande quantité en France (voir notre article sur les filières textiles françaises: lien). Il est naturel et beaucoup moins gourmand en ressources que d’autres matériaux comme le coton. En plus de cela, il est résistant, esthétique et relativement peu cher!
Pour ce qui est de notre fournisseur, on est en lien avec une prototypiste locale, Coline, qui travaille avec nous sur tous nos projets textiles. Pour l’instant, tous les matériaux de nos prototypes proviennent du marché St Pierre, à Paris. Pour la suite, à plus grande échelle, on a identifié plusieurs fournisseurs potentiels de lin français.
Vous avez fait beaucoup d’évolutions et de prototypes?
P.C : On a beaucoup travaillé sur la taille, le positionnement des sangles, les fonctionnalités, le confort et la praticité, mais ce qui nous a fait le plus réfléchir c’est le système d’accroche de la gourde et comment la faire tenir le mieux possible. On a par exemple ajouté les petits élastiques pour pouvoir la serrer et la maintenir dans sa position. Au total on a 4 versions de prototypes et une version finale qui arrive bientôt. On a fait pas mal de modifications techniques et esthétiques, mais le concept global n’a pas beaucoup changé finalement.
Pour finir, quel avenir imaginez-vous, avec le collectif, pour cette sacoche?
P.C : Cela fait environ 8 mois que l’on travaille dessus, l’idée maintenant serait de développer la gamme de couleur et éventuellement d’y intégrer un branding discret. Il faut que l’on établisse la stratégie de distribution et qu’on fasse un suivi précis sur la durée de vie effective du produit.
La question principale est de savoir si on le commercialisera avec AlterNativ directement, ce serait le mieux mais pas forcément le plus facile. Passer par une marque à plus grande échelle pourrait augmenter l’impact et créer une nouvelle identité autour du produit, on est également en lien avec d’autres start-ups françaises qui partagent les mêmes valeurs que nous. Mais pour un produit comme celui-ci on peut envisager une campagne de crowdfunding à la rentrée, par exemple.